Qu’est-ce que tu as appris cet été lors de l’école de fouilles à Maison Nivard de Saint-Dizier?

Mon apprentissage à l’école de fouilles de Maison Nivard a débuté dès la première journée. J’ai vite appris qu’une fouille ne se déroule pas toujours comme prévu quand les travaux commencent (comme quand on s’aperçoit qu’il reste encore 20 cm de remblais avant d’atteindre la couche archéologique!). Des rebondissements comme celui-ci se sont passés tout au long de l’été. J’y retire encore plus d’expérience en prévision de ma prochaine opportunité de participer à des fouilles.

Du point de vue technique, j’ai pu acquérir une bonne base pour mon expérience comme archéologue. On m’a enseigné comment faire l’enregistrement des lots, ce qui inclut de prendre des points d’élévation manuellement et avec la station totale, d’identifier le type de sol, et de dessiner un plan. De plus, on m’a montré comment dessiner le profil d’une paroi ce qui demande beaucoup de précision et de patience. Cela exige de prendre les coordonnées de chaque point le long d’un mur pour démarquer les différentes couches d’occupation. Il faut rester concentré et poser des questions durant la fouille parce qu’il y a beaucoup de détails qui sont faciles à manquer. Par exemple, plusieurs de nos échantillons de charbon ont du être écartés du processus d’analyse puisque qu’ils ont été manipulés pendant l’inventaire et contaminés.

Que pensez-vous de votre contribution à la recherche envers l’histoire de Montréal et de sa préhistoire?

Étant originaire de Montréal, je me compte chanceuse d’avoir pu participer à un projet qui m’a permis d’en découvrir plus sur notre passé. Je prends beaucoup de plaisir à m’impliquer dans la recherche et ainsi contribuer aux trouvailles près de ma région. En tant qu’étudiante, je suis habituée de lire des articles sur des études qui se passent dans un pays lointain. Ce site datant de plus de 5000 ans a beaucoup d’information à nous fournir au sujet de ses différentes occupations et de son évolution environnementale.  Un projet comme celui-ci permet aussi aux Premières Nations d’être impliquées dans le récit bâti autour de leur patrimoine ancestral.

Comment votre interaction avec le public a influencé votre expérience dans ce projet?

Durant mes cours à l’Université McGill, j’ai appris que l’inclusion du public en archéologie devient de plus en plus la norme. Par contre, je me demandais toujours pourquoi ce n’était pas pratiqué à chaque fouille archéologique. Après avoir participé à ce projet qui a pour but de faire partie de ce mouvement progressif, j’ai compris pourquoi. L’archéologie avec le public veut dire qu’il y a une grande présence des médias. On a vite su comment cela peut devenir un « jeu du téléphone » et que l’information erronée peut circuler. Ça veut dire aussi que notre travail est souvent interrompu. De plus, cela n’a pas pris beaucoup de temps avant de réaliser qu’on ne pouvait pas toujours utiliser de véritables artéfacts pour les activités avec les groupes d’enfants! La fragilité des artéfacts nécessitait une responsabilité et une vigilance supplémentaire. Par contre, les aspects positifs sont plus grands que les inconvénients. Voir le sourire sur le visage des enfants me faisait chaud au cœur, car je me souviens que ma passion pour l’archéologie a débuté lors de mon enfance. À force d’interagir avec le public, surtout avec les gens qui habitent le quartier, nous en apprenons davantage sur le site et son histoire récente. Finalement, je prenais plaisir à voir la réaction du public lorsqu’on leur montrait les artéfacts que nous avions trouvés.

Quel est l’artéfact le plus intéressant que vous avez trouvé?

J’ai été chanceuse de trouver plusieurs artéfacts durant mes huit semaines sur le site. Il y en a un en particulier qui m’intéresse plus que les autres. J’ai trouvé une lame de cache, un couteau en pierre datant du Sylvicole Inférieur, entre 3000 à 2400 ans avant aujourd’hui. Cet outil de forme triangulaire est fait de Chert Onondaga qui provient de l’Ontario, indiquant qu’il y avait des réseaux d’échanges entre certaines communautés autochtones. Cette lame de cache est une indication du mouvement des populations nomades. C’est un outil qui est enterré en grande quantité à différents endroits pour éviter de les traîner sur soi-même, et constituer des réserves pour utilisation ultérieure. Cette lame de cache a été transformée en grattoir, après que sa pointe se fut cassée. Les grattoirs étaient utilisés pour nettoyer les peaux, en enlevant la graisse et la chaire animale. C’est mon artéfact préféré car beaucoup d’information peut être obtenue d’un objet si petit.