Opération carottage
Le projet de la Maison Nivard-De Saint-Dizier ne consiste pas seulement à trouver des artéfacts pour ensuite les exposer dans le musée. Les archéologues sont aussi intéressés par le climat ancien de la région et son influence sur l’usage du site par les humains.
Pour cette partie de l’étude, ce sont nos collègues du département de géographie, Dr Gail Chmura (McGill University) et Dr Florin Pendea (Lakehead University) qui ont prêté une grande attention au sol en faisant ce qu’on appelle du carottage. Il faut cependant bien diriger les recherches, car ce n’est pas tous les types de sols qui peuvent faire de bonnes carottes de terre. Le meilleur endroit pour exécuter la collecte paléoenvironnementale doit être saturé d’eau et avoir du pollen et des spores. Il faut également que le lieu possède une végétation qui s’est accumulée au fil des années, sans toutefois avoir pu se décomposer.
En utilisant des images satellites et des cartes historiques, Dr Pendea et Dr Chmura ont pu déterminer que l’endroit le plus près du site de la Maison Nivard, et qui pourrait présenter ces caractéristiques, serait l’Île-aux-Hérons, au sud de notre site.
C’est donc lors d’un vendredi assez pluvieux (le 26 mai) que notre brave équipe de géographes s’est aventurée vers l’Île-aux-Hérons! Aujourd’hui, cette île sert de réserve biologique et est une des plus importantes aires de nidification de hérons en Amérique du Nord. Nous avons même eu besoin d’une permission spéciale pour pouvoir nous y aventurer. Valérie Aubin, une biologiste de la Conservation de la Nature du Canada, a organisé l’escapade et a accompagnés l’équipe de géographes. Pour s’y rendre, Denis Tessier, propriétaire d’un chalet sur les berges de l’île, a eu la gentillesse de se proposer et de nous y amener en bateau, à partir de la marina de Verdun.
Départ de la marina de Verdun avec M. Tessier
Dr Florin Pendea et Lucas Ellison, un étudiant en Science du globe au BAC à McGill, en train d’insérer la carotte dans la terre du marais
L’équipe s’est ensuite rendue de l’autre côté de l’île où ils ont pu apercevoir des quenouilles dans un sol très humide. Ils ont extrait une carotte de terre longue de 50 cm à l’aide d’une foreuse. Plus on creuse, plus on remonte le temps! Il fallait donc descendre le plus bas possible pour retourner à l’origine du marais. La carotte a été examinée sur place, puis transportée à l’université McGill pour en faire l’analyse.s
Dr Pendea et Lucas Ellison mesure la profondeur que la foreuse a réussi à atteindre
La dernière photo est un plan rapproché d’une des carottes sur lequel on peut apercevoir une différence dans la couleur des sols, chaque couleur représentant une couche de sédiments. On peut aussi apercevoir des tubes enveloppés dans du plastique qui servent à transporter la carotte fraîchement sortie de la terre pour la protéger. Une fois au labo, la carotte est subdivisée en plus petits échantillons d’environ 1 cm pour en faciliter l’analyse.
Dr Pendea en train de diviser la carotte en sous-échantillon
Ces sous-échantillons sont ensuite testés avec des produits chimiques qui dissolvent les minéraux et la plupart des matières organiques, ne laissant que le pollen et les spores. Les échantillons sont ensuite soumis à une analyse au carbone 14. On espère ainsi trouver une carotte vieille de plusieurs milliers d’années!
Aleksandra Dragieva, une étudiante de McGill en biochimie, est en train de laver des échantillons de sols à travers des tamis pour en retirer les matériaux moins intéressants comme le sable, pour ensuite le faire passer à travers un tamis encore plus petit qui ne récupérera que le pollen et les spores (10-120 µm correspondant à 0.010 à 0.120 millimètre). Cela aide à réduire le nombre de produits chimiques que nous devons utiliser pour obtenir des résultats. Les vapeurs de produits chimiques sont ensuite évacuées par les systèmes d’aérations qui se trouvent derrière Aleksandra. Les échantillons vont ensuite être montés sur des plaques pour pouvoir les observer au microscope.
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