Qu’est-ce que tu as appris cet été lors de l’école de fouille à Maison Nivard de Saint-Dizier?

En arrivant à l’école de fouilles, je ne savais pas trop à quoi m’attendre puisque je n’avais jamais été en contact avec ce que je peux maintenant appeler mon futur emploi. Heureusement, on ne nous lance pas sur le terrain non équipé. Plusieurs superviseurs sont présents et s’assurent que nous progressons et nous apprennent les rudiments du métier d’archéologue. Contrairement à ce que la culture populaire sous-entend, un archéologue ne cherche pas de l’or et des dinosaures. On l’apprend bien vite lorsque nous sommes dans la première semaine de fouilles et que l’on fait la découverte d’une hache préhistorique. Ce sont ces découvertes qui valent de l’or pour nous.

La première semaine à l’école de fouille nous a démontré à quel point le travail d’archéologue implique l’enregistrement de données. Rien n’est laissé pour compte dans la préparation d’un terrain de fouilles. On nous apprend à préparer l’aire de fouilles, à mettre les cordes qui délimiteront les carrés de 1 mètre par 1 mètre que nous fouillerons. Au tout début, il est clair que la première trouvaille d’importance archéologique est très stimulante et motivante, mais on se rend bien vite compte que la patience est une qualité vitale pour un archéologue. Par exemple, lorsque l’on voit quelque chose et que plus nous fouillons autour, il se dégage peu à peu; nous ne pouvons pas simplement mettre notre truelle dessous et donner un coup pour l’en dégager. Il faut être très minutieux et prendre son temps puisqu’on ne sait jamais l’ampleur de ce qui se cache sous nos pieds.

Puis, on est initié à toutes sortes d’outils comme évidemment la truelle, le porte-poussière, le sceau et le tamis. Ces quatre objets font partie du quotidien de tous les archéologues. Ensuite viennent les instruments plus spécialisés comme la station totale et le géo-radar. Ce dernier, nous ne l’avons utilisé qu’au début de la fouille. En effet, cela fait partie du processus de sélection de la zone à fouiller. Dans le cas de la station totale, j’ai été grandement surpris de voir à quel point nous utilisons cet instrument.

Que pensez-vous de votre contribution à la recherche envers l’histoire de Montréal et de sa préhistoire?

On ne se rend pas nécessairement compte de l’implication que nous avons dans la reconstruction du passé de Montréal. Cependant, en prenant du recul, on voit l’importance et la popularité des fouilles et on comprend que ce que nous avons fait a véritablement contribué à la mise en valeur du territoire. En tant qu’étudiant, il est clair que d’avoir pu jouer un rôle dans une vraie recherche scientifique est gratifiant.

Participer à une école de fouilles consiste aussi à participer à une recherche scientifique entreprise par de vrais chercheurs essayant de répondre à des questions qu’ils se sont préalablement posées. Au final, certaines questions ont trouvé réponse alors que d’autres ont émergé et nous embêtent à leur tour. Cela fait partie du travail de chercheur.

Comment votre interaction avec le public a influencé votre expérience dans ce projet?   

Quand j’ai été admis à l’école de fouilles, j’ai été mis au courant par le fait même que l’objet de la recherche était l’archéologie publique. De ce fait, il était vital que monsieur et madame tout le monde puissent prendre part à la recherche dans la mesure où ils leur était possible d’être impliqués. J’ai beaucoup apprécié mon rôle auprès du public car j’aime transmettre mes connaissances. De temps à autres nous voyions des résidents du secteur s’arrêter sur le site, et ils nous en apprenaient plus sur les environs. Puisqu’ils vivent dans les environs depuis longtemps, leur contribution est intéressante. Ces interactions ont donné lieu à de très bonnes discussions avec certaines personnes. Des professeurs d’université se sont arrêtés et nous donné leur point de vue sur ce qu’ils voyaient; j’ai aussi parlé à une dame qui était céramiste et qui me parlait des méthodes de fabrication de la céramique. Parler au public ainsi me permettait de renforcer mes propre connaissances. Il y a quelque chose d’enrichissant au point de vue personnel dans la transmission du savoir. Beaucoup de personnes étaient vraiment intéressées à ce que j’avais à leur dire, et c’est cet intérêt qui était gratifiant.

Quel est l’artéfact le plus intéressant que vous avez trouvé?

Pour ma part, je n’ai pas trouvé d’artéfact impressionnant au même titre que certains de mes collègues, mais j’ai trouvé une structure majeure sur le site. En effet, j’ai découvert la canalisation en pierre qui traverse la tranchée au complet. Au départ, nous n’avions aucune idée qu’une telle structure se trouvait sous terre. C’est lorsqu’un archéologue superviseur a remarqué un changement dans la couleur des sols que nous avons commencé à fouiller cette zone indépendamment du reste pour finalement arriver à un trou. C’est en marchant dans la fosse que j’avais creusée qu’un trou s’est formé. Un trou qui menait à un espace entre deux pierres de la canalisation. En creusant jusqu’à la base du trou, on voyait là une pierre apparaître et peu à peu se dessinait sous nos pieds la canalisation que nous voyons presqu’entièrement aujourd’hui. Lors de la dernière semaine, nous avons même soulevé une pierre pour voir ce qui se cachait en dessous et nous pouvons très bien voir les deux murs latéraux du canal.